Haykel Akrout (Directeur Général) : On a un peu de visibilité et de possibilité de reprise
Le Temps : Comment s’annonce 2022 ?
Haykel Akrout : Aujourd’hui les ventes se font en dents de scie, de façon très inégale, sans beaucoup de visibilité. Les TO tablent sur les Vente de dernière minute. Aucune visibilité sur la Tunisie ni de prévision. La reprise attendue n’est pas au rendez-vous bien que l’espace touristique tunisien est bien un périmètre sécurisé et « safe », et ne présentant aucun risque. Certes 2022 sera meilleur que 2021. La levée des restrictions de voyage est essentielle pour stimuler une reprise plus large de l’impact social et économique de la pandémie.
Comment réussir 2022 ?
Les professionnels doivent rattraper le temps perdu. Avec des réservations qui peuvent tomber à tout moment, il est crucial de revoir la logistique, l’infrastructure et les ressources humaines. Pour les hôtels fermés, ca sera difficile surtout que leur machine s’est arrêtée et doivent investir de grandes sommes pour rénover leurs unités et recruter le personnel nécessaire. Il est impératif aussi de travailler sur l’image de la destination. Notre pays est fondamentalement balnéaire, cette activité représente la locomotive du tourisme tunisien, si elle marche, tous les autres produits touristiques marcheront aussi. La relance dépend essentiellement, de la qualité des produits dans les hôtels (infrastructure, nourriture, accueil, propreté…). Il faut promouvoir une nouvelle image de la Tunisie auprès des marchés émetteurs, celle d’un pays sûr pour les touristes, la mise en œuvre d’une action importante au niveau du respect de l’environnement et de l’hygiène et du renforcement du contrôle, l’élaboration de nouvelles méthodes de promotion appropriées au besoin de chaque marché
Comment renforcer cette visibilité sur les marchés émetteurs ?
Toute entreprise qui envisage de se faire connaître auprès du public doit déployer une stratégie de communication efficace. Parmi les stratégies les plus adoptées, la participation aux différentes manifestations telles qu’un salon professionnel est devenue un incontournable pour booster la visibilité. Nous sommes presque absents dans les salons touristiques. Les éductours et les workshops se font rares. À l’approche de la haute saison touristique, nous devrons miser sur le digital pour toucher une clientèle toujours plus connectée, notamment depuis la pandémie et développer ou de renforcer notre présence en ligne et, par conséquent, notre visibilité. r, d’où l’importance d’une stratégie de marketing digital diversifiée.
Faut-il consolider les flux aériens ?
L’aérien ne suit pas. Nous ne pourrons pas rester tributaire des compagnies aériennes existantes. Seul l’open sky peut nous sauver. Les retombées positives seront nombreuses pour le secteur touristique. On parle d’un nombre de touristes qui pourrait doubler. De 10 millions de touristes , on pourrait atteindre les 20 millions grâce à l’Open Sky. La Turquie qui a libéralisé ses cieux en 2003, a triplé le nombre de ses touristes en 2007 avec l’arrivée, record, de 27 millions de touristes. Au Maroc, le nombre de touristes est passé de 5 millions à 11 millions. L’ouverture des cieux n’a pas seulement donné du feu au nombre de touristes, mais surtout au nombre d’emploi créés de façon directe et indirecte. 1 million de passagers de plus, c’est automatiquement la création de 4000 nouveaux postes d’emploi
Que pensez-vous de certains TO qui appellent à baisser les prix ?
Le bradage de l’offre touristique est une attitude qui ternit l’image du pays et qui aura à terme des conséquences graves sur la rentabilité du secteur. Il faudrait tenir bon et ne pas céder à la pression des voyagistes. Il faut savoir garder son calme et avoir confiance en l’avenir.
Le marché local est un marché à part entière. Est-ce une alternative en cette période difficile ?
Le renforcement du tourisme intérieur est désormais nécessaire pour stimuler le tourisme. Il représente 30 à 40% du total des nuitées et permettra d’améliorer le taux d’occupation des hôtels. Il est intéressant de d’encourager les familles tunisiennes, à visiter les stations touristiques non seulement durant la saison estivale mais aussi au cours de l’année. De même, il est nécessaire que les hôtels proposent des prix abordables pour attirer un grand nombre de tunisiens.
Le marché algérien attire plus d’un million de touristes. Comment comptez-vous attirer plus cette saison de clientèle algérienne ?
L’Algérie qui représente pas moins de 20 % des entrées aux frontières, avec 1, 2 millions de touristes, est le marché qui a réalisé la plus importante progression. C’est dire l’importance de ce marché qui est appelé à se développer plus. Nous attendons l’ouverture des frontières terrestres.
Kamel Bouaouina